Le pianiste britannique Philip Thomas parle de son exploration de la musique expérimentale canadienne.
J’ai récemment découvert la musique d’un certain nombre de compositeurs canadiens, et je crois fermement que leur musique explore des zones semblables à celles auxquelles s’intéressent plusieurs des compositeurs britanniques avec qui je ressens une affinité. En particulier, l’influence des expérimentateurs américains John Cage, Morton Feldman et Christian Wolff (ainsi que d’autres comme Alvin Lucier et James Tenney) se fait vivement sentir dans leur musique, mais elle est davantage un point de connexion esthétique qu’un effort concerté à développer un mouvement « expérimental ».
Ce qui rassemble tous ces compositeurs, c’est un rejet des narratifs dramatiques traditionnels. L’accent est plutôt mis sur l’immédiateté du moment et sur le caractère « présent » du matériau musical. Dans les pièces jouées dans le programme Les connexions canado-britannique, toutefois, il y a une différence entre les deux nations : les compositeurs britanniques travaillent avec des processus, bien que ceux-ci soient à grande échelle et qu’ils ne soient peut-être pas immédiatement perceptibles dans tous leurs détails. Les Canadiens, en revanche, adoptent une approche plus souple à l’égard du matériau, le laissant se défaire, s’arrêter et redémarrer, serpenter. Cela produit un contraste plutôt radical et remet en question les prévisions et les idées reçues sur la forme musicale. Un élément de curiosité ressort chez tous les compositeurs de ce programme : comment fonctionne cette musique? Comment maintient-elle sa cohésion? Et comment percevons-nous la musique dans le temps?
- Philip Thomas, 2012
assister au concert Les connexions canado-britanniques, le samedi 20 avril, 2013