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entretien

avec Sarah Albu

La soprano Sarah Albu s'est installée à Montréal en 2005 afin de poursuivre ses études à l'Université Concordia, d'où elle a obtenu deux baccalauréats consécutifs en musique vocale et en théâtre. Le 3 novembre, elle présentera un programme de nouvelles pièces en compagnie du tromboniste Felix Del Tredici à l'Eglise Saint John the Evangelist à Montréal (l'église au toit rouge).

Sarah, la performance que tu prépares pour IEC est chapeautée par un plus grand projet, qui comprend des créations de compositeurs canadiens. Tu peux nous en parler un peu?

Bien, c'est un projet créé par le biais de Jeunes Volontaires (un programme d'assistance du Gouvernement du Québec destiné à aider les travailleurs autonomes dans la création d'une petite entreprise). J'ai toujours voulu faire un projet solo, mais comme je ne suis pas vraiment une compositrice, j'ai pensé que ça serait une excellente chance de développer un rapport professionnel avec huit compositeurs différents.

Mais il existe des différences entre ça et le projet que tu présenteras cette semaine – des morceaux par Henri Pousseur et Georges Aperghis, par exemple. Tu as déjà parlé de comment ce projet a rapport au langage et à la mémoire – peux-tu élaborer?

Pour une chose, le langage est une notion qui signifie immédiatement quelque chose aux compositeurs, surtout lorsqu'ils travaillent avec la voix. Il s'agit d'une des premières choses à laquelle ils réfléchissent; il y a beaucoup de sons intéressants dans le langage avec lesquels jouer, beaucoup de chances de décomposer ou de réorganiser. La théâtralité et l'élocution sont aussi de bons outils. La mémoire vient avec la répétition – par exemple, dans la pièce par Pousseur [Mnemosyne I] – et comment nous employons des mots comme marqueurs d'orientation dans le temps. Ceci se rapporte à une nouvelle pièce de Mason Koenig que j'interprèterai, qui est tiré d'un texte de Wittgenstein à propos de la vraie signification des mots et de comment nous assignons des «étiquettes sonores» à ces objets pour pouvoir les organiser.

Je comprends que tu as travaillé avec la fille d'Henri Pousseur sur Mnemosyne I lorsque tu étais en résidence à Banff récemment.

Je travaillais en fait plutôt sur Pierrot Lunaire (par Arnold Schoenberg) avec elle. Mais elle m'a dit que chaque fois qu'elle interprète le dernier mouvement de Mnemosyne II , elle prend une profonde respiration et pense à son père, qui est décédé il y a un couple d'années.

J'ai beaucoup appris au sujet de comment travailler avec ce genre de musique au travers de mes efforts avec Pierrot Lunaire, parce qu'il y a beaucoup de musique vocale qui est localisée entre le chant et la parole. C'est très théâtral.

La relation entre la musique et le théâtre est très important pour toi dans ta pratique. Comment l'explores-tu?

J'ai des origines dans chaque discipline, mais quand j'apprends un nouveau morceau, je tente d'approcher le texte en tant qu'actrice d'abord. Je l'apprends de façon quasiment séparée (tout en m'assurant que je maîtrise la musique), des fois en dessinant des diagrammes ou en associant la performance à une histoire.

On a très hâte à ton concert, Sarah!

 - Isak Goldschneider, le 29 octobre, 2012, Montréal

Assister au concert de Sarah Albu avec Felix Del Tredici, le 3 november, 2012

En savoir plus du projet Trickpony de Sarah Albu («Un an. Une voix. Huit compositeurs. Giddy-up ! »)