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entretien

avec Pierre-Yves Martel (Quartetski)

Quartetski does Satie écouter sur SoundCloud

L’ensemble de musique de chambre Quartetski, créature du violiste Pierre-Yves Martel, revisite les œuvres des grands compositeurs en mode improvisé. Par le passé, le groupe a reconstruit la musique de Prokofiev, de Satie et d’Henry Purcell. Pour Innovations en concert, Quartetski s’attaquera à la musique du mercenaire-violiste Tobias Hume.

Parlez-moi de la gestation de Quartetski.

L’idée m’est venue en 2005. Je suis tombé sur les Visions fugitives de Prokofiev, je ne sais plus trop pourquoi, et elles ont servi de base au premier projet de Quartetski. À l’époque, j’avais un quatuor avec contrebasse, batterie, saxo alto et trompette, et il me semblait que ces pièces lui iraient bien. J’en ai donc arrangé deux. L’expérience étant concluante, je les ai arrangées toutes – enfin, presque toutes – et nous avons présenté ce programme à l’Off Festival de jazz de Montréal, et ça nous a valu le prix François-Marcaurelle, ainsi qu’un engagement pour l’édition suivante du festival. J’avais d’abord envisagé Quartetski comme un projet éphémère qui ne jouerait que ce programme de Prokofiev, mais voilà qu’il nous fallait du nouveau matériel. Je me suis donc mis en quête d’un nouveau répertoire.

D’abord bassiste, vous avez passé à la viole de gambe, en vous concentrant sur la musique baroque. Puis, vous êtes parti dans une nouvelle direction, celle de l’improvisation contemporaine. Y a-t-il un lien entre vos différentes activités?

Il y a toujours des liens entre le répertoire que j’interprète et la musique que je joue à un moment donné. Quand je jouais de la basse, nous travaillions sur Prokofiev, dont la musique a beaucoup en commun avec le jazz et le ragtime, et nos improvisations d’alors étaient plus fortement influencées par le jazz – elles étaient plus harmoniques et mélodiques. Il s’agissait d’un mélange entre musique de chambre classique, jazz et musique actuelle. Puis, nous nous sommes tournés vers Erik Satie. Ce projet a d’abord pris la même direction que le projet Prokofiev, mais peu après j’ai abandonné la contrebasse. J’ai donc réarrangé les pièces pour que la viole de gambe s’y insère. Ça marchait plutôt mal, parce que la musique de Satie entretient aussi des liens avec le jazz. J’ai donc mis ce projet sur la glace et opté pour quelque chose de plus baroque, qui conviendrait mieux à la viole.

C’est ce qui vous a mené à Tobias Hume?

En fait, nous avions déjà joué Henry Purcell, ce qui avait bien fonctionné, malgré quelques problèmes acoustiques entre les instruments. Il est difficile de mélanger viole, trompette et clarinette basse. Après un hiatus de deux ans avec Quartetski, j’ai eu l’idée d’un projet sur Tobias Hume, parce que sa musique tourne d’emblée autour de la viole de gambe solo. Nous travaillons donc sur des bases solides.

Qui était Tobias Hume?

Il est né en 1569, je crois, et il est mort en 1645. Il a donc eu une longue vie. C’était un Écossais, un soldat, et il a gagné sa vie comme soldat dans les armées russe et suédoise. Il a aussi joué de la viole de gambe et composé de nombreuses courtes pièces. La plupart sont des solos de viole, mais il a aussi commis des chansons pour viole et voix et quelques pièces pour consort de violes. Il n’a donc pas été très prolifique et il n’a composé que pendant une courte période de sa vie. En fait, on sait peu de choses sur lui, mais sa musique fait appel à des styles étranges. D’ailleurs, il était peut-être autodidacte; il ne suivait pas les tendances ou les styles de son époque.

Avez-vous d’autres projets qui mijotent?

Nous pensons à John Cage, pour son centenaire.

- Isak Goldschneider, le 22 septembre, 2011, Montréal

assister au concert de Quartetski (avec The Youjsh)
à Innovations en concert, mer, 28 sept 2011