Novarumori, un projet d’ensemble exploratoire fondé par Isak Goldschneider, interprète deux œuvres profondément introspectives qui interrogent la mémoire et la crise : Angel de Maxim Shalygin et Vestiges d’Olivier Alary. Ces méditations sur l’expérimentation sonore et le dialogue entre passé et présent réinventent les traditions musicales pour une époque complexe et incertaine.
Angel (2020) de Maxim Shalygin est une réflexion musicale née du bouleversement mondial causé par la pandémie de COVID-19. Composée durant – et en amont de – cette période marquée par un traumatisme généralisé, l’œuvre questionne la relation de l’humanité à la nature et la fragilité de l’existence.
Shalygin, compositeur ukraino-néerlandais né à Kamianske en 1985, s’est imposé comme une voix importante de la musique classique contemporaine. Après des études en Ukraine et en Russie, il s’installe aux Pays-Bas en 2010, où il compose depuis plus de 40 œuvres couvrant un large éventail de genres : musique de chambre, vocale, symphonique, électroacoustique, ainsi que des musiques pour le théâtre, le ballet et le cinéma.
La violoniste Adrianne Munden-Dixon et la violoncelliste Audreanne Filion offriront la création québécoise de cette œuvre poignante.
Angel puise son inspiration dans la Sonate pour violon et violoncelle de Maurice Ravel, écrite un siècle plus tôt, à la suite de la Première Guerre mondiale et de la pandémie de grippe espagnole. À l’instar de Ravel, Shalygin place la mélodie au cœur de l’expression musicale.
Dédié au compositeur géorgien Giya Kancheli, aujourd’hui disparu, Angel invite à reconsidérer notre lien avec le monde naturel et les autres, face aux crises globales.
Olivier Alary — Vestiges
Vestiges est une œuvre unique, fruit de dix années de recherche. Composée pour 12 guitares « lap steel » amplifiées et accompagnée d'une diffusion électronique, cette pièce de 42 minutes évoque un chant fantomatique, flottant entre la mémoire et l’oubli.
L'œuvre représente en musique l'idée d'une trace spectrale de la mémoire : un souvenir fragmenté, où seuls les détails les plus marquants ressurgissent, éclipsant le reste. Ces fragments, chargés d’émotion, reviennent hanter le présent, redonnant vie aux souvenirs passés.
Vestiges cherche à faire naître une musique quasi-vocale, portée par un ensemble de guitares « lap steel » amplifiées, jouées avec des techniques non conventionnelles. Chaque guitare devient un canal, transmettant l’écho d’une voix disparue.
Sur le plan musical, Vestiges s'inspire de différentes formes de musique polyphonique vocale, comme les madrigaux, les chorales, la musique liturgique orthodoxe et la psalmodie gaélique. L'œuvre reprend uniquement les principes d'organisation des voix : des bourdons et des lignes simples de la musique orthodoxe, le contrepoint complexe des madrigaux, l'harmonie verticale des chorales, et les superpositions chaotiques de la psalmodie gaélique. Ces éléments structurent la pièce, qui, bien qu’ancrée dans le passé, se distingue par une approche esthétique résolument contemporaine, des sonorités recherchées et une forme innovante.
Cette pièce s’inscrit dans une démarche plus large qui caractérise l’ensemble du travail d’Alary. Né en France et installé à Montréal, il est un compositeur polyvalent dont l’œuvre couvre des albums, des musiques de film, des créations pour la danse contemporaine ainsi que des installations sonores. Formé en architecture, en arts sonores et en composition instrumentale, il développe une écriture qui brouille les frontières entre musiques expérimentale, populaire et contemporaine. Son approche combine éléments acoustiques et électroniques pour donner naissance à des univers sonores denses et émotionnellement chargés, influencés aussi bien par le bruitisme et la musique baroque que par le post-minimalisme. Alary a collaboré avec des artistes tels que Björk, Nick Knight, Cat Power et Doug Aitken, et a publié sa musique sur des labels comme Rephlex, Fatcat Records, 130701 et LINE. Il a également signé la musique de plus de cinquante films, plusieurs ayant été primés dans des festivals prestigieux tels que Cannes, Sundance ou Venise.
Vestiges prolonge son exploration des notions de forme, de mémoire et d’espace sonore à travers une œuvre à la fois rigoureuse dans sa construction et d’une grande richesse texturale.
VESTIGES - interprété par
Jonathan Barriault : : Nicolas Caloia : : Steven Cowan : : Simon Duchesne : : Ben Grossman : : Marc-André Labelle : : Dominic Marion : : Pierre-Yves Martel : : Matt Murphy : : Jean René : : Pascal Richard : : Julien Sandiford - guitares lap steel
Isak Goldschneider, direction musicale
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Image : Gregor Chatonsky
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Nous tenons à remercier le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des arts du Canada, le Conseil des arts de Montréal et la Fondation SOCAN pour leur soutien.
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