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avec Eve Egoyan

Eve Egoyan « Folklore » : quelques notes à propos des notes

Innovations en concert est ravi de présenter la grande pianiste de musique contemporaine Eve Egoyan en concert ce samedi 22 mars à 20 h à la Chapelle historique du Bon-Pasteur de Montréal. Le programme de Mme Egoyan comprend trois œuvres composées dans la dernière décennie — To Weave (a meditation) de James Tenney, Piani, Latebre de Piers Hellawell et Nocturnes and Chorales de Linda Catlin Smith — ainsi que Folklore, Section 2 de Michael Finnissy, écrite en 1993. 

L’œuvre du compositeur irlandais Piers Hellawell représente, dans ses propres mots, une « réaction contre les surfaces fleuries de beaucoup de musiques instrumentales de nos jours ». En même temps, son approche austère ne craint pas d’unir « des éléments disparates, et même dangereux, sous un même toit », et des mots comme « mélancolique », « inventif » et « mystérieux » reviennent dans les descriptions de son travail par les critiques. Dans le même esprit, James Tenney (1934-2006) présente une réflexion intense sur le son dans son œuvre, méditant sur les notions de bruit comme musique, de perception psychoacoustique et du contrepoint acoustique.

Nous sommes également fiers de présenter la première montréalaise d’une œuvre de Linda Catlin Smith, une grande compositrice canadienne, dont la musique est souvent informée par sa connaissance des œuvres d’écrivains et de peintres, dont – pour ne nommer que ceux-là – Marguerite Duras, Cormac McCarthy, Cy Twombly et Mark Rothko.

Le spectacle de Mme Egoyan se terminera par une interprétation de Folklore, Section 2 – une œuvre éclectique et expressive qui est une déclaration ambitieuse sur l’humanité et la culture du XXe siècle, dont les implications vont au-delà des aspects purement musicaux. Finnissy spécule et commente la nécessité, selon Gramsci, de dresser un inventaire des « traces infinies » que les processus historiques laissent sur « le soi ». Pour lui, Folklore est « un lointain souvenir, un assemblage, une élaboration critique, l’opposition des conjonctions, une enquête ouverte, un palimpseste, un autoportrait ». La vision de Finnisy englobe une vaste gamme d’idéaux tirés du « piano » - un « manteau de cheminée » victorien « respectable » de « l’Angleterre » — « insulaire et conservateur, institutionnalisé : dé-spiritualisé, sordide et corrompu ». Le langage musical lyrique et sensuel de Finnissy est convaincant et fascinant du début à la fin : le véhicule parfait pour l’une des meilleures artistes canadiennes.

-Isak Goldschneider

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